mercredi 25 janvier 2012

Les mutations de la science et de la technologie en 2011

Voici un aperçu et un survol de certaines des mutations de la science et de la technologie en 2011 ou de notre façon de les considérer. Ces changements sont traités plus en détails dans les articles que j’ai publiés tout au long de 2011 et que vous pouvez retrouver à l’item «Archives» dans la colonne de gauche.


Une des mutations importantes de la science elle-même se retrouve au niveau de la biologie : de plus en plus d’études montrent le rôle majeur joué par les virus et les bactéries au niveau des organismes vivants. Qu’on pense aux virus qui ont implanté certains gènes utiles dans notre code génétique (utile par exemple pour le développement du placenta) ou aux bactéries qui activent ou désactivent des gènes des organismes qui sont leurs hôtes (la bactérie Listeria). Ou encore aux bactéries du système digestif des souris qui diminue leur sensibilité à l’influenza et à l’asthme. Ou à la bactérie Wolbachia qui aide les insectes femelles à produire plus d’oeufs…

La vision d’ensemble qu’on en retire est que les virus et les bactéries ont été associés de façon symbiotique à l’évolution de l’ensemble des organismes vivants. C’est à se demander s’ils ne constituent pas pour l’ensemble des autres espèces vivantes une source d’évolution supplémentaire à celui des mutations génétiques aléatoires. Étant donné la rapidité d’adaptation génétique des bactéries, c’est une question légitime malgré son caractère spéculatif.

En astronomie, plusieurs découvertes aux confins de l’univers connu ont été surprenantes compte tenu du jeune âge des structures qu’on s’attendait à y trouver. Certes, on y a trouvé beaucoup de jeunes galaxies, mais aussi certaines galaxies et certain amas de galaxies qui sont du même type que ce que nous retrouvons actuellement dans notre région de l’univers. On y a aussi trouvé des trous noirs super-massifs qui devaient prendre beaucoup trop de temps à se développer pour se retrouver là. On a aussi trouvé dans notre galaxie une étoile primitive pauvre en métaux, ce qui ne s’accorde pas avec la théorie actuelle de la formation des étoiles.

Et, autre primeur, on a découvert tournant autour d’une autre étoile que notre soleil une planète de type rocheuse en «zône habitable» (la région autour d’une étoile où l’eau liquide pourrait exister sur la surface d’une planète). On a aussi découvert un grand nombre de planètes gazeuses. On pense aujour’hui qu’il y a plus de planètes dans l’univers qu’il n’y a d’étoiles et qu’il y a probablement beaucoup d’autres planètes où la vie est présente. Ce qui est une vision bien différente de celle qui prédominait il y a un an à peine.

En 2011, la possibilité que des neutrinos voyagent plus vite que la vitesse de la lumière a fait la manchette suite à une expérience très sérieuse et de grande envergure. Mais cela reste à confirmer par d’autres équipes de physiciens et d’autres explications demeurent possibles. Une confirmation remettrait cependant en question les fondements mêmes de la théorie standard de la physique.

Une mutation majeure de 2011 a été celle de la prise de conscience planétaire que la technologie nucléaire est loin du niveau de sécurité absolu qu’on lui prétendait. L’accident de Fukushima a fait ressortir entre autres que l’industrie nucléaire essait parfois de faire des économies au détriment de la sécurité de ses installations. Il a aussi fait prendre conscience du nombre réel beaucoup plus élevé d’accidents mondiaux touchant les réacteurs nucléaires eux-mêmes que le nombre maximal supposément prévu en appliquant les normes en vigueur.

Une perception qui s’est accentuée en 2011 est celle de la dégradation du milieu de vie qu’est l’océan. Autant par la surpêche, que par la multiplication des désastres pétroliers liés au forage qui se fait de plus en plus en haute mer, ou que par l’acidification de l’eau qui dissout les coraux et qui crée aussi des zônes mortes de vie aquatique. La technologie moderne ne génère plus un sentiment de toute puissance comme c’était le cas dans les années 1960. Au contraire, tout le monde voit bien depuis plusieurs années qu’elle peut entrainer des effets environnementaux désastreux pour l’être humain si elle n’est pas utilisée avec précaution.

Un autre changement d’attitude en 2012 a été l’opposition grandissante dans plusieurs pays à la méthode de la fracturation de couches géologiques souterraines pour l’extraction des gaz de «schiste» (de shale). À cause de ses effets polluants, des tremblements de terre qu’elle engendre et du danger de contaminer les nappes phréatiques, il est devenu clair pour beaucoup de citoyens au Québec qu’on ne peut pas se fier aveuglément aux prétentions des scientifiques qui travaillent pour les compagnies d’exploitaton des ressources naturelles. On a vu en 2011 les scientifiques se diviser entre ceux qui travaillent pour ces compagnies et ceux qui sont venus appuyer les groupes de mobilisation citoyenne. Les scientifiques et les experts en général ont perdu l’auréole de neutralité qu’on leur accordait souvent aveugément autrefois.

Voilà donc mon petit retour sur 2011. Beaucoup d’autres nouvelles importantes ont fait la manchette en 2011 dont les changements climatiques et de nombreuses recherches médicales. Ces dernières ont tendance à susciter des attentes énormes alors que les recherches aboutissent rarement jusqu’à l’étape de l’approbation pour des soins médicaux réguliers ou qu’elles ne le font qu’après de nombreuses années de recherche supplémentaires et d’ajustements multiples. Ces nouvelles sont aussi déjà l’objet de beaucoup de publicité dans les grands médias. Ce qui est aussi le cas des changements climatiques.

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